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petit travers et fasse une remarque : je serais très méchante. Tu as des jugements curieux parfois, dans les domaines que tu prétends ignorer. Tu démontes un tableau, une œuvre musicale, un poème par ces mots : c’est facile. Tu veux, semble-t-il, reprendre ta position stable, compromise un instant par une chose plus grande que toi ; et tu as tellement peur du snobisme que tu nies le beau que tu as ressenti. Je sais et je n’aime pas. Mais si on insinuait quelques doutes sur ton goût et ton intelligence, je répondrais vertement comme si on m’insultait. Tu es un peu fat, tu te regardes dans une glace, à la dérobée, d’un coup d’œil satisfait, tu te redresses quand tu passes près d’une femme et tu la fixes en conservant une attitude faussement indifférente ; si elle t’a jeté un regard, sûrement elle t’a trouvé bien ; si on te parle d’une femme, tu coupes la parole pour dire : « Elle est jolie ? » Tu m’amuses et j’ai envie de prendre un sourire moqueur. Mais qu’on ne dise pas que tu es un « joli cœur » ; tes faiblesses sont à moi. Je les ai découvertes peu à peu en t’examinant sans trêve. Je souffre que tu aies ces travers,