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raisonnable d’avoir aussi à chaque seconde quelque chose du bonheur qui arrive, avoir ce petit coin de conscience qui apprécie lentement l’évolution de la joie, la suit jusqu’à ses fins les plus extrêmes, n’est-ce pas du bonheur ? Il y a un petit coin qui ne vibre pas, mais ce petit coin reste le témoin de la joie ressentie. C’est lui qui se souvient et qui peut dire : j’ai été heureux et je sais pourquoi. Je veux bien perdre la tête, mais je veux saisir le moment où je perds la tête et pousser la connaissance au plus loin de la conscience qui abdique. Il ne faut pas être absent de son bonheur.

Ce coin de moi vous a jugé, vous a mesuré ; et en vous jugeant et en vous mesurant, je voyais vos faiblesses, vos insuffisances ; où est le mal si je restais, si j’acceptais ces insuffisances, si je les aimais ? Oh ! homme, tu veux toujours qu’on t’admire. Toi, tu ne juges pas, tu ne mesures pas la femme que tu aimes. Tu es là, tu la prends ; tu saisis ton bonheur, elle semble ne plus s’appartenir, avoir perdu toute notion : tu es heureux. Elle t’a crié : je t’aime, et tu es satisfait. Tu n’es pas brutal ; tu es