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reconstituer la scène et de la continuer. Mais la lumière du jour a tout détruit : les paroles n’ont plus de timbre, les gestes n’ont plus de sens. On dirait d’un arc-en-ciel qui s’évanouit : quelques teintes survivent un instant, disparaissent, semblent revenir : il n’y a plus rien. C’est ainsi que tout mon beau songe s’en va. Est-il possible qu’il n’y ait plus rien ? Je répète stupidement : m’en aller d’ici… et j’essaie de rattraper les morceaux pour faire revivre la soirée d’hier. Mais c’est un mirage qui se casse.

Demain je t’écrirai et je ne saurai plus te dire « tu », je t’écrirai et je ne saurai pas te dire tout ce que je te dis dans mon cœur. Toi qui es resté là-bas où l’on vit, peux-tu comprendre que je suis prisonnière ? Je ne sais plus parler. Je suis là hébétée et je sens comme une vérité froide et sûre que, quand on est ici, rien n’est plus possible : tu ne peux pas continuer à m’aimer.