Page:Sauvageot - Laissez-moi (Commentaire), 2004.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

fait avec une rapidité incroyable, avec une espèce de folle panique, l’acte qu’on hésitait à accomplir. Je suis brave ; je suis descendue ; j’ai rempli toutes les formalités avec méthode pour me prouver que je suis forte. Quelqu’un m’aime à Paris : je reviendrai. Il pleut et il y a du brouillard ; il est quatre heures, le jour est presque tombé. Il ferait bon à cette heure dans un petit appartement bien chaud prendre le thé avec lui. Nous parlerions du temps où nous étions petits. Il pleut et il fait noir. Je regarde intensément le sanatorium pour prendre d’avance toute la souffrance que je vais y ressentir. J’aurai peut-être moins mal. Des hommes et des femmes en robe de chambre, des yeux caves, des toux ; je me sens redevenir malade. Pourquoi suis-je revenue ? Et dans ma chambre je m’écrase sur une chaise ; un lourd manteau gluant d’ennui, de maladie, de désespoir me plaque les épaules : j’ai froid. Mon beau rêve s’en va en morceaux. Je n’entends plus la voix, je n’ai plus l’enveloppement de son amour. Quand, le matin, le jour nous éveille d’un rêve, nous essayons en fermant les yeux et ne bougeant pas de