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bien plus gentil… et tu me trouves bien plus gentille : elle est là. Et puis tu n’aimes pas les malades. Tu serais d’avis, je crois, qu’on les enferme, qu’on les supprime. Il faudrait que tu sois malade.

« Tu vois là une preuve d’amour, n’est-ce pas ? » Que faut-il croire de cette phrase ? Je sais que tu ne m’aimes plus. Avec quel soin comique évites-tu de me dire : « Je vous aime ! » Tu ne m’auras rien promis. Et pourtant il serait si bon pour moi qui suis seule et qui pars au loin de me bercer sur ton amour avec confiance. J’ai besoin de lui : je voudrais le retrouver quand je reviendrai guérie. La certitude que quelqu’un continue à aimer et à attendre, pour qui le reste n’est qu’un dérivatif momentané et sans pouvoir, est un grand bonheur pour un malade : il a la sensation que la vie qu’il a laissée s’est aperçue de son absence ; il ne peut pas imaginer un avenir neuf ; faible et souffrant de la rupture brutale avec le passé, ce qu’il demande à « plus tard », c’est de continuer en mieux ce qui était autrefois.

J’aimerais conserver en moi comme un