Page:Sauvage - Tandis que la terre tourne, 1910.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
tandis que la terre tourne

Et dans sa calotte sertie
La fraise enfle un museau dodu.
Sur l’herbe humide le passage
Du soleil émet des vapeurs
Qui sont parfums de repassage ;
Une eau monte aux lèvres des fleurs
Ici des guêpes chamailleuses
Dépècent un ver en tronçons,
Les fèves ont des pucerons,
Mais dans leurs gousses pelucheuses
Le grain qui dort est potelé.
Vois, Ronsard, la rose est déclose,
La pêche a déjà pommelé,
Le miel poisse, l’ombre se pose
Et bougeotte sous l’aubépin.
Les sureaux ouvrent leurs ombrelles
De guipure et le beau tétin
Des cerises, prudes pucelles,
Rougit, brille et tremble de vent.
Sur la tête de la pervenche,
La feuille est un petit auvent,
Un petit toit d’été qui penche.