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pleine lune ou croissant


ANGOISSE


Lorsqu’une angoisse amère, au soir, étreint mon cœur,
Je m’enfuis suffoquant à travers le silence
Des champs, et, s’aveuglant, mon œil gros de démence
Regarde dans sa tige étouffer chaque fleur.

L’arbre, cherchant de l’air, du tronc crispé s’élance ;
En son étroit bassin la source halète et meurt ;
L’ombre, dans les recoins, bâillonne la lueur ;
Sous la glèbe enfouie avorte la semence.