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l’âme en bourgeon


Ou bien, si tu le veux, descends par la croisée
Sur le chemin poudreux du rayon de midi,
Ainsi qu’un dieu poucet à la chair irisée
Qui serait de la rose et du soleil sorti.

Je suis là, je souris, donne-moi ta main frêle,
Plus douce à caresser que le duvet des fleurs ;
Je veux te raconter la légende éternelle
Du monde qui comprend le rire et les douleurs.

Écoute et souviens-toi d’avoir touché mon âme ;
Quelque jour je pourrai peut-être dans tes yeux
La retrouver avec son silence et sa flamme
Et peut-être qu’alors je la comprendrai mieux.

Ô toi que je cajole avec crainte dans l’ouate,
Petite âme en bourgeon attachée à ma fleur,
D’un morceau de mon cœur je façonne ton cœur,
Ô mon fruit cotonneux, petite bouche moite.