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tandis que la terre tourne


SOLITUDE

À Gaston Beïnet.


Les planètes du soir roulent leur poudre d’or,
Le petit univers que je suis fait sa route
Dans cette sphère bleue où s’absorbe la mort.
Je suis un monde obscur que nul autre n’écoute.
L’étoile que j’effleure en passant ne sait point
Combien d’âme et d’orgueil me pèse dans la tête ;
Car l’astre est solitaire et muet dans son coin.
Ce n’est pas pour mes sens que l’avril est en fête,
Mes frères n’entrent pas davantage en mon cœur ;
Je me heurte à leurs fronts comme aux fruits de l’espace.