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le vallon

La maison grise dans le pré.
Sur le seuil la femme apparaît,
Étend la main vers la prairie,
Puis rentre avec mélancolie.

Monde silencieux où ce vallon rêveur
S’allonge dans une ombre et dans une fraîcheur
De branches. Bleu vallon aux colonnes feuillues
Où la clochette tremble, où le bouleau remue.

Chemine avec douceur entre les fleurs muettes,
Élève tes bras blancs, incline ton beau corps,
Entre-croise suavement tes jambes sveltes
Pour une danse molle où le geste s’endort.
L’oiseau qui s’était tu chante dans la ramure
Du plus pâle bouleau et l’eau triste murmure.

Passe, Dame sereine, en jetant les longs plis
De tes cheveux autour de tes membres polis
Et parfois apparais nue et belle. Le rêve
Enveloppe tes pas et ta forme et soulève