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le mois de mars

semblables que les enfants, ces conservateurs par excellence de la tradition, ont l’habitude, aujourd’hui, de rapporter triomphalement en ville les petites brioches achetées à la Madeleine qu’ils n’ont pu consommer sur place. Les plus pauvres, d’ailleurs, mettent ce jour-là de l’amour-propre à ne pas rentrer les mains vides.

Dans la soirée du dimanche des Bures, il est d’usage d’allumer de grands feux sur les hauteurs et autour des villages. Le soin d’embraser les chavandes — c’est le nom que l'on donne à ces feux dans le pays — appartient de droit, d’après la coutume de Rupt et de quelques autres communes, aux derniers mariés. Des danses, accompagnées de chants, de iouhhihhi joyeux, se forment autour des bûchers, pour ne prendre fin qu’à leur extinction complète. À ce moment, chaque maître de feu — ainsi appelle-t-on celui qui a eu l’honneur de l’allumer — invite les personnes qui ont contribué à l’érection de la chavande à le suivre chez lui ou au cabaret le plus voisin, où de copieux rafraîchissements leur sont servis.

Au dire des gens de Dommartin, si l’on veut avoir du chanvre haut, il est indispensable que les femmes se soûlent le soir du feu de Couarmantra (carnaval), autrement dit le soir des Brandons.

Dans la partie des Hautes-Vosges qui dépend