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le mois de février

que ni les rayons du soleil ni les rayons de la lune ne puissent arriver jusqu’à lui. Tant que le clou restera à l’abri de la lumière, la personne qui l’aura enterré sera exempte du mal de dents.

F) Faire, avec la pointe de n’importe quel clou, le tour de la dent malade, en invoquant les saints, enfoncer ensuite ce clou dans le tronc d’un arbre, avec la ferme volonté de clouer le mal à cette même place. Le résultat cherché ne se fera pas attendre, mais malheur à l’imprudent étranger qui s’aviserait d’arracher le fer de l’arbre ! Le mal de dents s’emparerait aussitôt de lui.

Ce mode de transmission du mal rencontre quelquefois des incrédules, et c’est à l’un d’eux, sans doute, qu’est dû l’irrévérencieux récit que l’on va lire :

« Un homme de la montagne avait pour habitude d’enfoncer dans le tronc d’un même sapin tous les clous qui lui servaient à se guérir du mal de dents. Un beau jour, l’arbre fut abattu et porté à la scierie. Le sagar, qui ne se doutait mie de la présence de tous ces clous, endommagea si fort sa scie, quand celle-ci vint à les rencontrer, qu’il se vit dans la nécessité de suspendre son travail et de jeter son outil au rebut. Ceci prouve, clair comme le jour, aux ignorants, que quiconque s’attaque aux clous guérisseurs attire sur lui le mal qu’ils retiennent prisonnier. La scie