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le mois de septembre

hotte au dos, trop bien payés qu’ils sont, disent-ils, pour se laisser prendre de nouveau au dépourvu. »

Les Saulxurons et les Véternâs (habitants de Saulxures et de Ventron) sont aussi des malins qui peuvent railler les autres ; on sait ce qu’ils valent, et, à l’occasion, on leur rappelle ce que valaient leurs pères autrefois.

« Un jour, un mauvais plaisant de Ventron, du nom de Coliche, eut la malencontreuse idée de jouer au mort ressuscité, dans le but de donner matière à parler aux gens, et surtout d’effrayer son curé, dont la bravoure lui était connue pour ne pas dépasser celle d’un lièvre. Il faut vous dire que Ventron, à cette époque, faisait partie de la commune de Travexin et de la paroisse de Saulxures. Donc, son plan arrêté, notre Coliche, qui était menuisier de son état, fabrique un cercueil, et le fabrique de telle sorte qu’il pouvait y tenir sans trop de gène, y respirer à l’aise et en sortir à volonté, en pressant un simple ressort.

Une fois la besogne terminée, il met quatre mauvais drôles dans le secret et les envoie répandre la nouvelle de sa mort dans le voisinage. Tout marche à souhait, personne ne se doute de la supercherie. À l’heure fixée pour le départ du convoi, les quatre compagnons enlèvent le cer-