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les jours heureux

il aura toutes les mauvaises qualités du roi Hérode.

Le trentième ne vaut rien, si ce n’est pour les semailles et les plantations.

Si la lune est, ainsi que le prétendent les gens de la vallée de la Moselotte, une casserole sans queue[1], dans laquelle personne ne sait ce qu’on cuisine, l’expérience semble avoir démontré, du moins, que cet astre exerce une influence considérable sur tout ce qui nous touche et nous entoure.

Cette influence ne s’étend pas à l’œuvre des jours désignés par Dieu à Adam comme devant être les uns heureux, les autres malheureux : la règle donnée à notre premier père est invariable, rien ne peut la modifier.

  1. Il y a, disent aussi les mêmes, comme tous le savent ou peuvent s’en assurer, un homme dans la lune. Selon les uns, cet homme n’est autre que Judas Iscariote, lequel, fatigué de voir la lune le regarder sans cesse, s’écria : « Œil ouvert sur moi, je te crèverai, et avec un fagot je boucherai le trou sanglant que je te ferai. » Il monta bien jusqu’à la lune, mais, quand vint le moment d’exécuter sa menace, il se sentit retenu et comme cloué au sol par une main invisible. Il est resté, depuis lors, à la même place, et il y restera jusqu’à la fin des siècles, exposé, en punition de son crime, à la face du monde entier.
    D’après d’autres personnes, l’homme de la lune serait un vulgaire filou du nom de Gossa, qui, gêné dans ses expéditions nocturnes par l’indiscrète lumière de cet astre, jura de l’éteindre, et, après s’y être pris de la façon que l’on prête à Judas, éprouva le sort que l’on connaît.