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lation entre certains phonomônes hindous, grecs, latins, et les into- nations (ou «accents contraires») du lituanien; qu'on ne pouvait douter que ces langues n'eussent connu elles-mêmes les différences toniques si spéciales qui caractérisent l'idiome balti<|ue. La preuve était empruntée à ce fait que le r sanscrit se modifiait régulièrement en ïr, ur, dans les cas où le lituanien montre le ton rude, ainsi pilnas, skr. purnas; contre vi/krts, skr. vrknft, etc. De même, en grec, on avait -puj-, en latin -ni-, selon la même loi tonique. {Archiv fur slav. PMI, IV, 586.)'
Dans l'hypothèse qu'on vient de voir, et qui n'est plus soutenue l)ar })ers<)nne sous cette forme, nous relevons un seul détail. La différence ûr ■ — r et la différence ir — ir (malgré que l'une soit vocalique et 1 autre tonique, l'une hindoue et l'autre lituanienne) se trouvent im})liquées au même degré dans la question de I'intoxation. En même temps le foyer de cette dernière se trouve situé, non arbitrairement, mais forcément, dans l'indo-européen.
Bientôt l'intervention du f long indo-européen apporte une autre solution à la première différence ur — r et modifie en général la position des termes, dans un sens que chacun reconnaît immédia- tement.
A ce moment, il reste incontestablement une question où les deux différences ur — r et ir — ir sont mqyliquées au même degré, comme précédemment. Mais cette question ne peut alors être autre que celle de la différence indo-européenne f — /•. Par rapport à cet objet-là, si c'est celui qu'il faut considérer désormais, oui sûre- ment la valeur réciproque de ilr — /• et de ir — ir reste exactement la même. Car ils sont les aboutissants, chacun pour leur idiome, de cette différence; ou ils en sont la preuve également précieuse.
Or il a paru que cela suffisait... Des intonations, de leur portée, de leur extension, de leur ancienneté, nous n'avons plus entendu ])arler, au moins à pro])os de pilnas — viîkas (car, pour le reste, tous les points de vue étaient permis, fussent-ils précisément en
1. Le second mérite de M. Fortunatov, en dehors de la question des in- tonations, était donc d'affirmer incidemment une équivalence indo-gréco-latine: -(;•-, = -piu-, = -ru-, que nous affirmions au même moment d'après un princijje tout diflerent, qui est d'ailleurs précisément ce qui s'oppose à sa combinaison. L'éminent savant arrivait donc à réunir sous un autre point de vue que nous {c\. Système des voyelles, p. "263 [245]) les sons sortis de f primitif. Cette coïncidence étant l'objet d'une note de sa part, Arcliip, XI, .570, nous lui donnons volon- tiers acte de l'indépendance de son résultat, (|ui est même léjfèrement antérieur d'après les dates.
de Saussure, Oeuvres. .12
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