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nasales sonantes des désinences.

conde forme seulement contient une nasale sonante, et encore n’est-elle point produite de la même manière que dans uçatás : *tudn̥tás (tudatás) vient du thème tudant- et a perdu un a, comme *tn̥-tá (tatá) formé sur tan ; tandis que *uçn̥tás (uçatás) vient du thème uçn̥t- et n’a jamais eu ni perdu d’a. – Certaines questions difficiles se rattachant aux différents participes en -nt trouveront mention au chapitre VI.

Jusqu’ici l’existence de la nasale sonante dans les désinences verbales en -nti etc., n’est assurée en réalité que par l’absence de n dans les formes du moyen et autres, dans rihaté par exemple. Les langues d’Europe avec leur vocalisme varié apportent des témoignages plus positifs.

Les verbes slaves qui se conjuguent sans voyelle thématique ont -ętĭ à la 3e pers. du plur. : jadętĭ, vědętĭ, dadętĭ ; cf. nesątĭ. De même les deux aoristes en -s font něsę, nesošę, tandis que l’aoriste, à voyelle thématique fait nesą.

Le grec montre, après les thèmes consonantiques, les désinences suivantes : à l’actif, -αντι (-ᾱσι), -ᾰτι (-ᾰσι) ; au moyen, -αται, -ατο.[1] Les deux dernières formes n’offrent pas de difficulté ; il s’agit seulement de savoir pourquoi l’actif a tantôt -ατι, tantôt -αντι. La désinence -ατι n’apparaît qu’au parfait : ἐθώκατι, πεφήνᾰσι, mais le même temps montre aussi -αντι (-ᾱσι) : γεγράφᾱσι etc. Le présent n’a que -αντι. M. Brugmann attribue à l’influence de l’accent la conservation de n au présent : ἔᾱσι = sánti. En ce qui concerne le parfait, il voit dans -ατι la forme régulière[2] : -αντι y a pénétré par l’analogie du présent ou plus probablement par celle de parfaits de racines en α comme ἕστα-ντι, τέθνα-ντι. – Ce qui est dit sur l’accent ne satisfait pas entièrement, car, ou bien il s’agit de l’accentuation que nous trouvons en grec, et alors ἔαντι, ἐθώκατι se trouvent tous deux dans les mêmes conditions, ou bien il s’agit du ton primitif pour lequel celui du sanskrit peut servir de norme, et ici encore nous trouvons parité de conditions : sánti, tutudús. L’hypothèse tútudati ou tutudatí, comme forme plus ancienne de tutudús (p. 320) est sans fondement solide. L’action de l’accent sur le développement de la nasale sonante en grec demeure donc enveloppé de bien des doutes.[3]

  1. Hésychius a cependant une forme ἐσσύανται.
  2. Ici il faut se souvenir que l’auteur regarde à bon droit le parfait grec comme dénué de voyelle thématique ; l’α n’appartient pas au thème.
  3. La question est inextricable. Est-on certain que les formes du présent