en regard d’ὀμιχέω; ῥωδιός et έρωδιός. A son tour, la substitution d’I à r repose sur un fait de dissimilation, rendu possible par l’oubli du sens premier qui rattachait le mot à ἐρεύθω. Il faut reconnaître que la dissimilation s’exerce rarement sur deux r, et qu’en général le grec (ainsi que le latin, cf. plus haut L. Havet, ΜSL. VI, p. 29 sq.) ne manifeste de répugnance que pour le retour de l’l comme dans ἀργαλέος = *ἀλγαλέος. Néanmoins les répétitions d'r ne sont pas non plus tolérées sans exception. Dans le cas particulier où chacun des ρ se trouve entre consonne et voyelle, ou bien le mot reste sans changement (κρεάγρα), ou bien l’un des ρ est supprimé : φ(ρ)άτρα, δρύφ(ρ)ακτος, β(ρ)άτραχος, θ(ρ)ιπόβρωτος, θρέπτ(ρ)α. Dans le cas plus simple où les deux ρ précèdent une voyelle sans être tous deux précédés d’une consonne, ou le mot reste sans changement (c’est l’ordinaire), ou l’un des ρ est dissimilé: vαύκλᾱρος = vαύκρᾱρος, éléen Χαλάδριοι de Χαράδρᾱ[1], θηληθήρ ˙ κυνηγός (Hés.) = θηρηθήρ[2], κολίανδρον[3] = κορίανδρον (coriandrum), κροκόδειλος = κροκό-δειρος(?), enfin les beaucoup plus anciens δέλετρον = v. h.-all. quërdar[4], λίστρον = ῥίστρον ˙ πτύον (Hés.), λύθρον = *ruthron. Constatons pour ne rien omettre que, dans le cas où l’un des ρ se trouve après la voyelle de sa syllabe (ἄργυρος, δέρτρον), le mot est à l’abri de toute modification de ce genre.
Le retrait de l’accent dans λύθρον comparé à ἐρυθρός est naturellement le même que dans δόλιχος en regard de l’adjectif δολιχός, etc. — Le genre est indécis dans Homère qui n’emploie le mot qu’au datif. Apparemment λύθρον est plus ancien que λύθρος.