350 LE SUFFIXE -T-.
longueur de la voyelle compensant la perte de la nasale. Cep'endant le véritable rapport entre les voyelles longues et les voyelles nasa- lisées est encore si confus qu'il vaut mieux ne pas préciser ce point.
Les mots en avx tels que àKa)i-avT forment aussi une classe intéressante de mots grecs qui ne sont autre chose que d'anciens participes prés, ou aor. où l'a s'est conservé comme par oubli, et parce que la signification qu'ils avaient prise les avaient peu à peu détachés du verbe. Outre un grand nombre de noms propres dont Pott a traité (Journ. de Kuhn, VII, 244) nous avons àbaju-avi, àv5po5a|a- avT, àKa|u-avT, uTrepKub-avr, dXip-avx, èXe(p-avT, YiT-avi. Je ne cite pas î-|aavT où le suffixe est ^avi, ni ÔKpiPa-VT, KiWi^a-vr, XuRa^a-VT dont l'a est radical et n'offre donc pas d'intérêt particulier. De même TreXeKâ-VT ne possède l'a que comme dérivé de TTeXeKauu, sans doute grâce à un mode de contraction qui doit remonter à une période reculée (V. Curtius, Studien, VII, 432).
Tout le monde n'accordera pas que l'a soit thématique dans les mots èXé(pa(vT)ç, àXîpa(vT)ç, YiTa(vT)ç que nous venons de mention- ner. C'est ce que nous allons essayer de justifier :
EAE0AZ. — On a donné vingt explications de ce mot, tou- jours en partant de l'idée que le nom du pachyderme indien devait être emprunté à une langue asiatique. Il est évident cependant que le premier sens de èXéqpaç a été ivoire. Homère connaît fort bien l'ivoire, mais point l'éléphant, ainsi que le rappelait déjà Pausanias (I, 12, 4), lequel ajoute avec assez d'à propos: Geacrdjuevoç bè Kai 7TeTTU(J|névoç ["OïLiripoç toû 0ripîou] è)uvrmôveuo"ev âv ttoXù ye Trpôiepov, i\xo\ boKeîv, fi TTUYiuaiaiv le àvbpûjv Kai Y^pavoiv |iiâxriÇ-
Rien n'oblige dès lors à croire que le mot soit étranger, et nous pouvons le rapprocher de: dXqpoùç* XeuKOuç (Hesych.), àXcpôç «dartre blanche», lat. aïbus (Curtius, Qrdz. n^ 399). L'ivoire serait donc nommé d'après sa blancheur, comme la farine (dXqpiTOv).
Pour ce qui est de la forme du mot, èXéqpaç est à dXcpôç à peu près comme èpécpuj à ôpqpvn, comme àXeyeivôç à dXyoç. Dans la même racine àXuucpôç' XeuKOç montre aussi l'insertion d'une voyelle.
Cela étant, èXéqp-a(vT)ç s'explique comme part. prés, du verbe "■••èXécpuj qui a dû signifier «être blanc» comme p. ex sanscrit çvrtâmi^.
��1. Je m'aperçois que cette étyinologie est déjà indiquée dans le Journ. de Kuhn, X, 267, où M. Fr. Mûller, après avoir réfuté plusieurs rapprochements de mots asiatiques, émet l'opinion qu'une racine àXqp est peut-être la source du mot éXéqpaç et laisse au lecteur le soin de poursuivre cette idée.
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