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liquides sonantes des thèmes nominaux.

L’étymologie porta a portando étant difficile à accepter, porta doit être un participe de la racine per (d’où gr. πείρω, διαμπέρες), et il équivaudrait à une forme grecque *παρτή.

Le gotique a les participes þaurft(a)-s, daurst(a)-s, faurht(a)-s, handu-vaurht(a)-s, skuld(a)-s.

L’adjonction du suffixe -ti nécessite également l’expulsion de l’a (e) radical. Nous ne citons que les cas où cette loi a donné naissance au  :

Les exemples abondent dans les langues d’Asie : skr. bhr̥-tí, zend bĕrĕ-ti de la racine bhar, et ainsi de suite.

Le grec a κάρ-σις de κερ. Hésychius donne : ἀγαρρίς· ἄθροισις (l’accent paraît être corrompu) qui doit remonter à *ἄγαρσι-ς de ἀγείρω. – στάλ-σις de στελ est d’une époque tardive.

Le gotique forme sur bairan : ga-baurþ(i)-s, sur tairan : ga-taurþ(i)-s ; de même þaurft(i)-s, fra-vaurht(i)-s.

Le latin fors (thème for-ti-) de fero coïncide avec le skr. bhr̥tí. – mors est l’équivalent du skr. mr̥ti, seulement le présent morior et le grec βροτός montrent que l’o est répandu par toute la racine et recommandent donc la prudence.

sors, pour *sorti-s, paraît être sorti de la même racine ser qui a donné exsero, desero, praesertim[1]. Le mot serait donc à l’origine simplement synonyme d’exsertum.

Si les adverbes en -tim dérivent, comme on le pense, de thèmes nominaux en -ti, il faut citer ici l’ombrien trah-vorfi = transversim ; cf. covertu.

Le suffixe -ú demande, dans la règle, l’affaiblissement de la racine. En dehors des langues ariennes, le ainsi produit se reflète encore fidèlement dans l’adjectif gotique :

þaursus (rac. þers) = skr. tr̥šú

Nous insistons moins sur les adjectifs grecs :

βραδύς = skr. mr̥dú[2]
πλατύς = skr. pr̥thú
  1. Toute différente est la racine de con-sero, as-sero qui signifie attacher. Le sero dont nous parlons est le skr. sárati, sísarti « couler, avancer » : composé avec la préposition pra il a aussi le sens transitif et donne le védique prá bāháva sisarti (R. V. II 38, 2) « il étend les bras », exactement le grec χεῖρας ἰάλλειν (= σι-σαλ-yειν, σι-σλ-yειν). Le verbe insero peut appartenir à l’une ou à l’autre des deux racines en question.
  2. A côté de βραδύς on a avec l : ἀβλαδέως· ἡδέως Hes., ce qui rend bien vraisemblable l’ancienne étymologie du latin mollis comme étant pour *moldvis.