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ALLONGEMENT DU NOMINATIF. 199

ne dise rien d'explicite à ce sujet, ce savant est loin de mettre en doute la primordialité de dator, puisqu'il s'en sert pour expliquer la longue de l'ace, datôrem (primit. ^datÔretn). Cela étant, la flexion de bujTrip n'apparaît plus que comme une variété de la flexion de ■facrrrip et Trairip, variété où l'ri du nominatif s'est communiqué à plusieurs autres cas^. On devra admettre une classe de noms d'agent sans «2 Q^i ^^ sanskrit n'existe plus que dans çâmstar (ace. çâm- stàram). — Dans les thèmes à nasale on trouve, en regard du gr. Xi-uûv, le lat. hi-em-s. Ne serait-ce pas l'indice d'une flexion qui, traduite en grec, donnerait au nom. «Xi^v», à l'ace, xiôva? C'est peu probable. Qui sait si l'e de Mems ne provient point d'une as- similation semblable à celle qu'on observe dans hene de bonus'? Elle pouvait se produire par exemple à l'ace. *hiomem, au plur. *hiomes. Telle est aussi la raison de l'e de juvenis, cf. skr. yûvânam. A côté de flamen, flamonium'^ pourrait faire conclure à l'ace. *flamonem, *Jia- mônem; mais cette forme s'explique suffisamment par l'analogie de matrimonium etc.^ — Pour les thèmes en -was, M. Brugmann admet avec raison que le gr. eibwç (accus, ancien *eiè6(Ja) est le continuateur direct de la forme primitive.

Ainsi rien ne peut faire admettre que la couleur vocal ique du nominatif différât jamais de celle de l'accusatif.

En ce qui concerne la quantité de l'a du nominatif, c'est, au- jourd'hui l'opinion dominante que pour les thèmes à liquide, à nasale et à sifflante, il était long dès la période proethnique. Le système vocalique s'augmente donc de deux phonèmes: l'âj et Vâ2 longs, phonèmes tout à fait sporadiques et restreints, autant qu'on en peut juger, à cette forme de la flexion, les autres à longs étant des com- binaisons de deux a brefs.

La question de savoir si, après la syllabe à voyelle longue, venait encore Vs du nominatif a été l'objet de vifs débats. Le premier M. Scherer avait ré- voqué la chose en doute et vu dans l'allongement une façon spéciale de mar- quer le nominatif. A leur tour ceux qui admettent Vs et qui attribuent l'allon- gement à l'effet mécanique de la sifflante ne sont pas d'accord sur l'époque où elle a dû disparaître.

��1 . L'ancien accusatif en -repa a laissé une trace dans ' les féminins en -Teipa. Ceux-ci en effet n'ont pu être créés que sur ce modèle, le type -Tpia étant le seul qui réponde au skr. -tri.

2. Usener, Fleckeisen's Jahrb. 1878, p. 51,

3. Rien n'est plus incertain que les étymologies qui tirent le lat. mulier et le gr. ûyii'iç des thèmes du comparatif en -ya^s.

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