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LA FLEXION FAIBLE RÈGNE SEULE AU PLURIEL ET AU DUEL. 195

l'indien même, pour les thèmes sans dégradation qui, dans les Vé- das, accentuent rarement la désinence -as^.

Ayant reconnu que l'accent frappait originairement le thème, M. Brugmann crut être forcé d'aller plus loin et d'admettre — par hypothèse pure, car le témoignage du zend et de l'européen est ici tout à fait équivoque — que l'accusatif pluriel était anciennement un cas fort. A la p. 38 nous avons adopté cette manière de voir, parce que nous ne comprenions pas encore que le pluriel des thèmes dont il s'agit dût être jugé autrement que le singulier. Mais à quelles invraisemblances ne conduit-elle pas? Comment cet affaibUssement systématique de toutes les espèces de thèmes sanskrits à l'accusatif plur. serait-il dû au hasard d'un remaniement secondaire? Com- ment, en particulier, expliquer la forme des thèmes à liquides, pitm? Cette forme renverse toute l'hypothèse: elle ne se conçoit qu'en par- tant de l'indo-eur. pHr-ns (cf. got. fadruns). Dans la supposition de M. Brugmann ou ne pourrait attendre en sanskrit que «pitrâs» (pour

    • pitàras», ^*pitàrns-»). Ainsi les deux choses coexistaient. La syl-

labe prédésinentielle était affaiblie malgré l'accent. Or cela est la négation même de toute flexion forte.

En revanche la simple confrontation de *pitr-ns, *sâkhi-ns^ ^dyû-ns avec *mrdû-ns nous apprend que ces formes entrent sans la moindre difficulté dans le canon de la déclinaison faible.

La nasale de la désinence -ns a eu l'effet d'une consonne: de là mrdû-ns et pHf-ns, non mrdâw-ns, pHdr-ns. On ne doit donc pas s'étonner de trouver aussi bhàrnt-ns, tudnt-ns, widûs-ns, ^p-ns (bhâra- tas, tudatàs, vidûsas, apds).

Les thèmes à nasale ont dû faire uksns ou bien uksnnns. On pourrait, sans improbabilité trop grande, retrouver cette dernière forme dans le véd. uksàms, vfsanas. En tous cas uksnds n'est pas un type pur.

Au nominatif, le parallélisme de pitdras, ukédnas, sâkhayas, dydvas, avec yukfdyas, mrddvas, saute aux yeux.

Nous arrivons aux cas dont la désinence commence par bh et .S', p. ex. l'instr. p^tr-bhis, uksn-bhis, saki-bhis, dyu-bhis. Comme dans yukti-bkiSf mrdu-bhis, l'afiFaiblissement est causé par la consonne initiale

��1. Exemples: isas, ksâpas, giras, tûgas, diças, drûhas, dviëas, dhiyas, dhûras, pûras, pfkàas, psùras, bhidas, bhù^ns, hhûvas, mihas, nifdhas, yùdhas, ripas, vlpas,v{ça8, vftaa, vrlças, çrlyas, stûhhas, spâças, spfdhas, srd^as, sH- dhas, srûéas, hrûtaa. V. le dictionnaire de Grassmann.

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