Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

r.A PERMUTATION a : d. 153

tance que pour le grec et le latin. Si l'on répond affirmativement, il n'est besoin de longs commentaires: saka est un présent de la 6® classe, et la seule chose à faire admettre c'est que le ton, cédant à l'attraction des autres présents, s'est porté de bonne heure sur la racine {hlàpa, skdpa etc.). Dans tous les cas le germanique a reçu des périodes antécédentes quelques présents de cette espèce, ainsi que Ifi font conclure got. skaha = lat. scabo, graba = gr. fpâcpuJ» norr. aka = gréco-it. ago. Mais il n'en est pas moins vraisemblable que la majorité soit issue de l'aoriste. C'est même la seule hypo- thèse possible pour got. pvaha, cf. TiiKUJ (p. 60); norr. vada, cf. lat. vâdo; anglo-s. bace, cf. qpiuYU). Les formes comme pvaha nous re- portent donc à une époque où l'aoriste germanique existait encore, et il n'est pas difficile de comprendre pourquoi, tandis que le thème heuge- (biuga) se conservait à l'exclusion de buge-, l'inverse avait lieu pour pvahe-. Depuis la confusion des phonèmes Â^^ et Â2, Vô du prés. *pvôha (tS^kuj) ne différait plus de Vô du Tpuri.pvoh (ou pvepvôh). Au contraire le thème pvahe- offrait un excellent ablaui, qui devait s'établir d'autant plus facilement que les verbes en -ya comme hafja hôf en donnaient déjà l'exemple.

Je ne pense pas que les formes, peu nombreuses du reste, du letto-slave fassent quelque difficulté sérieuse.

Tout cela pourra paraître suggéré par les besoins du système. Quelle nécessité y a-t-il après tout de soutenir que saka, djuj, doivent appartenir à une autre formation que qpépu»? C'est cette nécessité, urgente à nos yeux, que nous voudrions accentuer d'une manière bien précise. Le présent n'est qu'un cas particulier. Qu'on considère l'ensemble des formations, et l'on verra apparaître un trait caracté- ristique des racines contenant ^, trait inconnu à la grande classe des racines dont la voyelle est e, la faculté d'allonger la voyelle^. On peut avoir sur saka et dxuJ telle opinion qu'il plaira. Seulement quand leurs racines font sok et ayéciLiai dans le même temps que bher fait bàr et cpopéuj, il y a là un phénomène tellement extra- ordinaire qu'il s'agit avant tout et à tout prix de s'en rendre compte. Or l'hypothèse proposée pour saka n'est que l'explication indirecte de sok. La tentative peut n'être pas réussie; en tous cas elle est motivée.

��1. Sans doute il y a aussi des ê longs, mais dans un nombre de racines extrêmement limité et qu'il serait injustifiable lie vouloir confondre avec le type bhe?-. Nous abordons ces racines à la p. l-ôôseq.

�� �