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la possibilité de lier les mouvements articulatoires. Pour rendre compte de ce qui se passe dans les groupes, il y a à établir une phonologie où ceux-ci seraient considérés comme des équations algébriques ; un groupe binaire implique un certain nombre d’éléments mécaniques et acoustiques qui se conditionnent réciproquement ; quand l’un varie, cette variation a sur les autres une répercussion nécessaire qu’on pourra calculer.

Si dans le phénomène de la phonation quelque chose offre un caractère universel qui s’annonce comme supérieur à toutes les diversités locales des phonèmes, c’est sans doute cette mécanique réglée dont il vient d’être question. On voit par là l’importance que la phonologie des groupes doit avoir pour la linguistique générale. Tandis qu’on se borne généralement à donner des règles pour articuler tous les sons, éléments variables et accidentels des langues, cette phonologie combinatoire circonscrit les possibilités et fixe les relations constantes des phonèmes interdépendants. Ainsi le cas de hagl, balg, etc. (voir p. 78), soulève la question si discutée des sonantes indo-européennes ; or c’est le domaine où l’on peut le moins se passer d’une phonologie ainsi conçue, car la syllabation est pour ainsi dire le seul fait qu’elle mette en jeu du commencement à la fin. Ce n’est pas l’unique problème qu’on ait à résoudre par cette méthode ; mais un fait est certain : il devient presque impossible de discuter la question des sonnantes en dehors d’une appréciation exacte des lois qui régissent la combinaison des phonèmes.

§ 2.

L’implosion et l’explosion.

Nous partons d’une observation fondamentale : quand on prononce un groupe appa, on perçoit une différence entre les deux p, dont l’un correspond à une fermeture, le second à une ouverture. Ces deux impressions sont assez analogues