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dier le pays région par région, et pour chacune d’elles une carte ne peut embrasser qu’un petit nombre de caractères dialectaux ; la même région doit être reprise un grand nombre de fois pour donner une idée des particularités phonétiques, lexicologiques, morphologiques, etc., qui y sont superposées, De semblables recherches supposent toute une organisation, des enquêtes systématiques faites au moyen de questionnaires, avec l’aide de correspondants locaux, etc. Il convient de citer à ce propos l’enquête sur les patois de la Suisse romande. Un des avantages des atlas linguistiques, c’est de fournir des matériaux pour des travaux de dialectologie : de nombreuses monographies parues récemment sont basées sur l’Atlas de Gilliéron.

On a appelé « lignes isoglosses » ou « d’isoglosses » les frontières des caractères dialectaux ; ce terme a été formé sur le modèle d’isotherme ; mais il est obscur et impropre, car il veut dire « qui a la même langue » ; si l’on admet que glossème signifie « caractère idiomatique », on pourrait parler plus justement de lignes isoglossématiques, si ce terme était utilisable ; mais nous préférons encore dire : ondes d’innovation en reprenant une image qui remonte à J. Schmidt et que le chapitre suivant justifiera.

Quand on jette les yeux sur une carte linguistique, on voit quelquefois deux ou trois de ces ondes coïncider à peu près, se confondre même sur un certain parcours :


Il est évident que deux points A et B, séparés par une zone de ce genre, présentent une certaine somme de divergences et constituent deux parlers assez nettement différenciés. Il peut arriver aussi que ces concordances, au lieu