bitum « nous avons mordu » — bitr « mordant, amer » ; par suite du changement t → ts (z), d’une part, et de la conservation du groupe tr d’autre part, le germanique occidental en a fait : bīʒan, biʒum || bitr.
L’évolution phonétique rompt encore le rapport normal qui existait entre deux formes fléchies d’un même mot. Ainsi comes — comiten devient en vieux français cuens || comte, barō — barōnem → ber || baron, presbiter — presbiterum → prestre || provoire.
Ailleurs, c’est une désinence qui se scinde en deux. L’indo-européen caractérisait tous les accusatifs singuliers par une même finale -m[1] (*ek1wom, *owim, *podm, *mātérm, etc.). En latin, pas de changement radical à cet égard ; mais en grec le traitement très différent de la nasale sonante et consonante a créé deux séries distinctes de formes : híppon, ó(w)in : póda, mā́tera. L’accusatif pluriel présente un fait tout semblable (cf. híppous et pódas).
§ 2.
Effacement de la composition des mots.
Un autre effet grammatical du changement phonétique consiste en ce que les parties distinctes d’un mot, qui contribuaient à en fixer la valeur, cessent d’être analysables : le mot devient un tout indivisible. Exemples : franç. ennemi (cf. lat. in-imīcus — amīcus), en latin perdere (cf. plus ancien per-dare — dare), amiciō pour *ambjaciō — jaciô), en allemand Drittel (pour drit-teil — teil).
On voit d’ailleurs que ce cas se ramène à celui du paragraphe précédent : si par exemple ennemi est inanalysable, cela revient à dire qu’on ne peut plus le rapprocher, comme in-imīcus du simple amīcus ; la formule
amīcus | — | inimīcus |
ami | ǁ | ennemi |
- ↑ Ou -n ? Cf. p. 130, note.