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ment roul- n’est rien sans le suffixe qui le suit. Le tout vaut par ses parties, les parties valent aussi en vertu de leur place dans le tout, et voilà pourquoi le rapport syntagmatique de la partie au tout est aussi important que celui des parties entre elles.

C’est là un principe général, qui se vérifie dans tous les types de syntagmes énumérés plus haut, p. 172 ; il s’agit toujours d’unités plus vastes, composées elles-mêmes d’unités plus restreintes, les unes et les autres étant dans un rapport de solidarité réciproque.

La langue présente, il est vrai, des unités indépendantes, sans rapports syntagmatiques ni avec leurs parties, ni avec d’autres unités. Des équivalents de phrases tels que oui, non, merci, etc., en sont de bons exemples. Mais ce fait, d’ailleurs exceptionnel, ne suffit pas à compromettre le principe général. Dans la règle, nous ne parlons pas par signes isolés, mais par groupes de signes, par masses organisées qui sont elles-mêmes des signes. Dans la langue, tout revient à des différences, mais tout revient aussi à des groupements. Ce mécanisme, qui consiste dans un jeu de termes successifs, ressemble au fonctionnement d’une machine dont les pièces ont une action réciproque bien qu’elles soient disposées dans une seule dimension.

§ 2.

Fonctionnement simultané des deux formes de groupements.

Entre les groupements syntagmatiques, ainsi constitués, il y a un lien d’interdépendance ; ils se conditionnent réciproquement. En effet la coordination dans l’espace contribue à créer des coordinations associatives, et celles-ci à leur tour sont nécessaires pour l’analyse des parties du syntagme.

Soit le composé dé-faire. Nous pouvons le représenter