Ce que le lieu, le temps, l'occasion demande,
Fixe la destinée, ou plutôt lui commande...
Souffrez que j'interrompe un discours trop flatteur.
La victoire toujours ne suit pas la valeur :
Du succès trop souvent la fortune dispose.
Le ciel s'est déclaré pour la plus juste cause :
Il a favorisé l'ennemi des tyrans...
Mais, sans plus nous livrer a de vains compliments,
Qu'avez-vous résolu ? Vous voyez votre armée
Sans espoir de secours par la mienne enfermée ?
L'avantage du poste est sans doute pour vous ;
Mais sachez, Spartacus, que nous avons pour nous
La nécessité même où nous sommes de vaincre.
Vous savez ( mille faits ont dû vous en convaincre )
Que rien n'est impossible à des cœurs obstinés,
Et que des grands périls les grands efforts sont nés.
Du sort toujours changeant prévenez l'inconstance.
Rome, qui sait priser votre haute vaillance,
À des conditions, que je viens apporter,
Avec vous aujourd'hui me permet de traiter.
Vous avec moi traiter ? Rome avec un rebelle,
Et dont la tête encore est proscrite par elle ?
D'un semblable traité le sénat rougirait,
En tirerait le fruit et vous désavouerait.
J'ai le droit de conclure ; il m'en laisse le maître...
Mais des faveurs du sort enorgueilli peut-être...
Non ; à votre malheur je suis loin d'insulter ;
Mais ces conditions qu'on me vient apporter,
J'avais cru que c'était à moi de les prescrire.
Au vainqueur d'ordonner, aux vaincus de souscrire.
Mais l'orgueil du Sénat ne se peut abaisser.