Page:Saurin - Œuvres choisies, Didot, 1812.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

II}}

Spartacus, Les chefs de l'armée, Noricus, Sunnon
Spartacus
À Noricus.

Noricus, je confesse, à ma honte,

Que tantôt, emporté d'une chaleur trop prompte,

J'ai par un mot cruel blessé votre grand cœur ;

Mais, non moins cruel du mien, jaloux de votre honneur,

Je viens publiquement réparer cet outrage.

Tous ces chefs assemblés vous rendront témoignage

Qu'ici je désavoue, un aveugle transport :

Vous avez vaillamment secondé mon effort,

Quand du poste attaqué je me suis rendu maître ;

Et si j'ai réussi, je ne le dois peut-être

Qu'aux attaques déjà deux fois faites en vain,

Mais qui m'ont du succès aplani le chemin.

Votre haute valeur est partout reconnue.

Calmez le fier courroux dont votre âme est émue ;

Et, sans plus me montrer un visage ennemi,

Lui présentant la main.

Touchez dans cette main...

L'embrassant.

Embrassez votre ami,

Qui, honteux de la faute, et non pas de l'excuse,

Vous demande pardon, et lui-même s'accuse.

Noricus

Spartacus est donc fait pour triompher toujours !

Je ne vous cache pas que, détestant mes jours,

La haine dans le cœur, le désespoir, la rage...

Je brûlais d'égaler la vengeance à l'outrage ;

Mais vous me désarmez, et dans vos bras, Seigneur,

J'abjure la vengeance et reprends mon honneur :

L'ami de Spartacus ne peut être un infâme.

Spartacus