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Dont il ose ravir la dépouille sanglante...

À part.

Rome, tu n'as sur lui que d'être plus puissante ;

Mais à la terre, enfin, le ciel donne un vengeur.

Il est temps de marquer un terme à ta fureur,

Il est temps d'écraser une superbe race,

Un peuple de tyrans, dont l'insolente audace

Se vante que les dieux ont formé l'univers

Pour la gloire de Rome et pour porter ses fers.

Messala

La force fonde, étend et maintient un empire ;

Le droit de dominer, où chaque peuple aspire,

De l'habile et du brave est le prix glorieux :

Et si de l'univers Rome fixant les yeux

Passe les nations en génie, en courage,

Le droit de dominer est son juste partage.

Tous ont même désir, mais non même vertu.

La loi de l'univers, c'est malheur au vaincu !

Spartacus

Eh ! Malheur donc à Rome !... Autrefois son esclave,

Aujourd'hui son vainqueur, j'ai le droit du plus brave.

Ses titres aujourd'hui sont devenus les miens,

Puisque, de votre aveu, le succès fit les siens.

Qu'était Rome, en effet ? Qui furent vos ancêtres ?...

Un vil amas de serfs, échappés à leurs maîtres,

De femmes et de biens perfides ravisseurs...

À part.

Rome, voilà quels sont les dignes fondateurs !...

À Messala.

Laissez donc là mes fers ; non pas que j'en rougisse ;

La Honte en est à vous, ainsi que l'injustice.

La gloire en est à moi, qui de ce vil état,

Qui du sein de l'opprobre ai tiré mon éclat,

Qui, votre esclave enfin, sus, créant une armée,

Me faire le vengeur de la terre opprimée...

Que Rome quitte donc cette vaine hauteur,

Qui lui sied mal, sans doute, et devant son vainqueur.

En barbares, surtout, ne faites plus la guerre.

Messala