En esclave, en rebelle indignement traité ?
Mais, lorsque son orgueil, lorsque sa cruauté,
Au fer des assassins abandonne ma tête,
Qu'à ses yeux tout moyen pour me perdre est honnête;
Et, ce que sans horreur je ne puis rappeler,
Quand, venant de forcer ma mère à s'immoler,
À ma juste fureur tout devient légitime,
Certes, de Spartacus c'est faire grande estime
Que d'oser en mon camp vous commettre à ma foi :
Se craignez pas pourtant.
Mon cœur est sans effroi :
Je connais Spartacus ; sa parole est mon gage,
Et ce gage sacré vaut le plus sûr otage.
Quant à Rome, souffrez que je parle sans fard :
Je croirais l'abaisser en venant de sa part.
Le consul m'a chargé d'un autre ministère :
Il ne députe ici qu'en qualité de père.
Eh ! Quel espoir encor lui peut être permis,
Quand ma mère... Ah ! Cruel ! Qu'attendez-vous d'un fils
Qui ne respire plus que pour venger sa perte ?
Ce n'est point par Crassus que vous l'avez soufferte.
Parti de Rome alors, il n'a pu...
Si mon cœur
De l'affreux droit de guerre admettait la rigueur,
De cette loi de sang dont l'atroce justice
Fait traîner sans pitié l'innocence au supplice,
Si cet esclave, enfin, ne passait en vertus
Ce que sont en orgueil ses maîtres prétendus,
La fille du consul, à périr condamnée,
Expierait à vos yeux le sang dont elle est née.