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Vous êtes plus vaillants ; soyez plus généreux.

La grandeur d'âme est rare et la valeur commune.

Jusqu'ici nos drapeaux ont fixé la fortune ;

Ah ! Si nous aspirons à des lauriers nouveaux,

Vengeons-nous en soldats, et non pas en bourreaux ;

Et, contre des cruels combattant avec gloire,

Ne déshonorons pas d'avance la victoire.

Noricus

Qui combat des cruels doit l'être encor plus qu'eux.

Envers des inhumains se montrer généreux,

C'est, par l'impunité, les enhardir au crime.

Tout votre camp, Seigneur, qu'un même esprit anime,

Vous parle par ma voix, et demande, à grands cris,

Un sang qui doit venger votre mère et mon fils.

Spartacus

Eh bien ! À vos fureurs moi-même je me livre ;

Spartacus ne veut plus ni commander, ni vivre.

Suivez d'un noir transport l'égarement fatal,

Et, tout souillés du sang de votre général,

Plongez vos bras fumants dans le sein d'Émilie ;

D'un si grand attentat effrayez l'Italie :

Mais sachez que bientôt, l'un de l'autre jaloux,

La soif de commander vous divisera tous ;

Que par les fondements votre ligue frappée,

Sera dans peu de temps détruite et dissipée ;

Qu'il faut pour être unis le ciment des vertus,

Encore une victoire et Rome n'était plus :

La liberté par vous eut relevé son temple ;

Du monde vous étiez les vengeurs et l'exemple :

Découvrant sa poitrine.

Vous en serez l'horreur... Frappez, voilà mon sein ;

J'ai trop vécu.

Noricus
Interdit.

Seigneur !...

Spartacus

Qui retien