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Elle-même l'admire.

C'est l'homme le plus grand que le ciel pût former,

Et peut-être Émilie est digne de l'aimer.

Mais je sais mon devoir, et tu dois me connaître;

L'amour est mon tyran, mais il n'est pas mon maître,

Sabine ; et jusqu'ici, renfermé dans mon cœur,

J'ai du moins dérobé sa flamme à mon vainqueur ;

Mais qu'il en coûte, hélas ! d'affliger ce qu'on aime !

Je partis, de Tarente; il s'éloigna lui-même.

On m'apprit que j'étais la fille de Crassus...

Que de raisons, hélas ! d'oublier Spartacus !

D'un souvenir si cher toutefois possédée,

Dans mon cœur, en secret j'en nourrissais l'idée ;

Mais, enfin, me voilà sa captive aujourd'hui.

Et mon nouvel état n'est pas connu de lui.

Dans son cœur étonné quels sentiments vont naître,

Si mes traits, dans ce cœur mal conservés peut-être...

Sabine
l'interrompant.

Quelqu'un vient...

Émilie

C'est lui-même. Un sombre et fier chagrin

Obscurcit de son front l'air auguste et serein.

Un nuage s'y mêle aux rayons de sa gloire.




Scène II

Spartacus, Émilie, Sabine
Spartacus
À Émilie, d'un air triste et fier, et sans la regarder.

Je viens vous rassurer, madame. Je dois croire

Qu'après l'exemple affreux qu'ont donné les Romains,

La fille du consul, tombée entre nos mains,