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Non, pourtant, que l'amour lâchement me surmonte....

Sabine
l'interrompant.

Mais devant votre père on porte les faisceaux,

Crassus est un consul.

Émilie

.

Spartacus un héros.

Sabine

Mais il fut notre esclave ; et, quoiqu'on le renomme...

Émilie
l'interrompant.

Va, dès longtemps l'esclave a fait place au grand homme.

Il naquit libre, et ceux dont il reçut le sang

Toujours chez les Germains tinrent le premier rang.

Mais, de lui-même enfin empruntant tout son lustre,

N'eût-il pas, en effet, une origine illustre,

Fût-il formé d'un sang que l'orgueil nomme abject,

Il en serait plus grand, plus digne de respect,

Puisqu'il fait éclater la généreuse audace

De ces premiers héros fondateurs de leur race,

Et dont les descendants, de mollesse abattus,

Trop souvent en orgueil remplacent les vertus.

Sabine

Mais...

Émilie
l'interrompant.

Qui pensait qu'on dût redouter sa vengeance,

Quand le poids du malheur accablant son enfance,

Interdisait l'essor à ses puissants destins ?

Mais Spartacus est né pour apprendre aux humains

Ce que peut un mortel en qui le ciel allie

La force du courage à celle du génie.

Que l'on naisse monarque, esclave ou citoyen,

C'est l'ouvrage du sort ; un grand homme est le sien.

Sabine

Eh ! Vous louez le bras armé pour nous détruire ?

Un ennemi de Rome ?

{{Personnage|Ém