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Du féroce mortel, de l'indigne guerrier

Qui souille la victoire et flétrit son laurier !...

À Noricus.

Faut-il donc aggraver les malheurs de la terre ?

Eh ! N'est-ce pas un mal assez grand que la guerre ?

Vous m'accusez, ami, d'en adoucir les lois ;

Et peut-être trop loin j'en ai poussé les droits.

Qui, par nous, sans pitié, Tarente saccagée...

Noricus
l'interrompant.

Tarente au sang des siens fut malgré vous plongée.

Irrité d'un assaut sans espoir soutenu,

Le soldat en fureur n'était plus retenu :

Elle poussa trop loin sa résistance vaine.

Spartacus

Nous fûmes inhumains, et j'en porte la peine....

Dans cette ville, en proie à toutes nos fureurs,

Dans le sein du tumulte, au milieu des horreurs,

Une jeune Romaine... Ô ciel ! Quelle faiblesse !

Spartacus ! Un soldat !

Noricus

Quel souvenir vous presse ?

De cet objet fatal à jamais séparé...

Spartacus
l'interrompant

Il n'est que trop présent à mon cœur égaré !

J'en rougis ; mais tremblant sur le sort de ma mère,

Je ne puis écarter une image trop chère :

Jusque dans les combats l'amour me vient chercher ;

Il pèse sur le trait que je veux arracher.

Noricus

Ainsi pour vous Tarente est une autre Capoue ?

Spartacus

Non ; n'appréhendez pas que ma fortune échoue

À ce honteux écueil des succès d'Annibal :

Non, je triompherai de cet amour fatal.

Les grands cœurs ne sont faits que pour aimer la gloire.

Qu'un vil mortel renonce à vivre en la mémoire,