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Mais il n'en a pas moins les plus vives alarmes ;

Il connaît les Romains, il sait... Mais le voici,

Du plus sombre chagrin son front est obscurci.

Sunnon sort.

Scène II

Spartacus, Noricus
Spartacus

.

Albin ne revient point... Affreuse incertitude !

Je succombe au tourment de mon inquiétude ;

Je n'y puis résister, et tremble d'en sortir.

Sunnon

À vos offres, Seigneur, Rome doit consentir.

L'avantage est immense et vaut une victoire.

Spartacus

Non ; le ciel a marqué ce terme à notre gloire :

Rome le sait trop bien, une mère est d'un prix.

À qui tout intérêt doit céder dans un fils.

Eh ! Quelle mère, hélas ! Avec quelle constance ;

Avec quelle tendresse, élevant mon enfance,

Elle sut m'inspirer, par des soins assidus,

La haine des tyrans et l'amour des vertus !

Noricus

Si Spartacus pour Rome eût été plus sévère,

Elle respecterait aujourd'hui votre mère.

La guerre est une loi de sang et de rigueur :

Il fallait à la rage opposer la terreur,

Et rendre sans pitié victime pour victime.

Spartacus

Mon bras, qui sait combattre et que l'honneur anime,

Ne sait point égorger des vaincus de sang-froid.

Si la guerre autorise un si terrible droit,

Contre lui dans mon cœur l'humanité réclame.

À part.

J'en respecte la voix... Dieux ! Proscrivez la trame