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À ces honteux combats Spartacus destiné,

Rappelle en rougissant le sang dont il est né ;

Et de ses compagnons élevant le courage,

Les excite à verser pour un plus noble usage

Ce sang qu'ils prodiguaient dans un vil champ d'honneur.

Ils le prennent pour chef ; ses succès, sa valeur,

La haine des Romains en tous les lieux semée,

Bientôt à Spartacus enfantent une armée :

Il la forme, et toujours combattant à propos,

Les esclaves sous lui deviennent des héros.

Sunnon

Mais a-t-il bien pour but la liberté publique ?

La vertu n'est souvent qu'un masque politique ;

Souvent d'un beau dehors l'ambitieux paré

Cache l'ardent désir dont il est dévoré.

Il protégeait le faible, il a vengé le crime ;

Biais à peine il peut tout, que lui-même il opprime.

De Spartacus, seigneur, j'ignore les desseins :

( Eh ! qui peut pénétrer dans le cœur des humains ?)

Mais cette liberté qu'il veut rendre à la terre,

( Que ce soit le prétexte ou l'objet de la guerre)

Rome vous l'offre sûre.

Noricus

Au prix de mon honneur :

D'ailleurs, que m'offre-t-elle ? Un appât suborneur.

Oui, tant que son pouvoir n'aura point d'équilibre,

Par elle un peuple en vain serait déclaré libre.

Ainsi, pour s'acquérir un utile renom,

Rome aux Grecs assemblés fît présent d'un vain nom.

Sunnon

Spartacus cependant ici commande en maître,

Et cette liberté qui par lui doit renaître,

Jusqu'ici dans ses mains a mis tout le pouvoir.

Noricus

Ah ! De le partager j'avais conçu l'espoir