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DES CHEVAUX
REMEDE POUR UN CHEVAL MORFONDU.


PRenez deux petits Chiens nouveau nez ; faites-les boüillir dans huit pintes de Vin blanc (ce qui fait quatre groſſes Bouteilles) avec une Once de Poivre, une Once de Gingembre & quatre Onces de Sucre, le tout bien bouilli, reduit à environ la moitié. Vous paſſerez le tout à travers un Tamis & le ferez prendre au Cheval ; des deux Bouteilles, vous en ferez prendre quatre fois, un quart à chaque fois, le matin & le ſoir. Il vous en reſte autant pour le lendemain : mais il faut que le Cheval ait été deux ou trois heures au Filet avant de prendre le Remede & autant après ; & chaque fois qu’il le prendra, on doit le faire promener une bonne heure. Si le Cheval continuë à être malade, il faudra reïtérer une ou deux fois la même choſe.

MORVE.


COmme il a été dit qu’il y a trois ſortes de Morves incurables, la pire de toutes eſt celle de que l’on appelle Morve Glandeuſe, en cas que le Cheval ſoit jeune. L’expérience de ceux qui en ont beaucoup traité mérite qu’on y ajoûte quelque foi. Depuis plus de cinquantes années que je travaille, je n’ai rien oublié à faire toutes ſortes d’épreuves jointes à celles que feu mon Pére a faites pendant le cours de ſa vie, qui ne s’eſt terminée qu’à 80. ans, tant à l’Armée que chez le Roy, ayant eu l’Inſpection de ſa Grande Ecurie. Mais tous les Remedes ont été inutiles pour ces trois ſortes de Morves. Ainſi le plu court eſt de faire tuër de tels Chevaux, pour qu’ils n’empoiſonnent pas les autres à leur approche. Une Selle, une Bride, une Couverture qui leur a ſervi peut empoiſonner les autres. C’eſt un grand bonheur lorſque cela n’arrive pas : La place où ils ont été, ſix mois après, peut encore gâter ceux qui y viendront, ſoit par la Mangeoire, ou par le Ratelier qui aura reçû le Poiſon qui leur eſt ſorti du Nez. Su une Ecurie a été infectée d’une telle Maladie, ce n’eſt pas aſſez de changer de Râtelier, de Mangeoire, de Pilliers, de Barres, non plus que d’avoir fait râtiſſer les Murailles, & paſſer de l’Eau de chaux par deſſus ; il faut faire dépaver l’Ecurie, pour en ôter du moins un demi pied de terre, & en remettre d’autre, ou du ſable pour la reparer ; ainſi on ne peu trop être ſur ſes gardes, pour cette Maladie.

CONNAOISSANCE DE LA MARVE GLANDULEUSE.


PRemierement lorſque l’on voit un Cheval qui jette par le Nez, ſoit dun côté, ou de l’autre, & trouvant au maniement de la main quelques Glandes plattes, attachées à la Ganache, & lorſqu’on preſſe, le Cheval ſent de la douleur, & qu’il ne jette que d’un côté, la Maladie eſt plus dangeureuſe, jettant une pourriture jaune & puante par le Nez. C’eſt encore un mauvais ſigne lorſqu’elle s’attache au bas de la Narrine. Pluſieurs font jetter le Chavel bas, pour le deglander en lui fendant la peau deſſous la Ganache pour avoir les Glandes avec un Raſoir, ou un Biſtouri : l’Operation n’eſt pas difficile, je m’y ſuis entêté plus de cinquante fois & pas une n’a réüſſi. J’ai bien entendu dire que ceal pouvoit être bon, mais jamais par ceux qui l’ont éprouvé. Après cette Operation faite, le Cheval ceſſe ſou-

vent,
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