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Politiques appellent incagade[1], je n’effectuay pas en ceste ville ce que je pensoy, à cause des traistres qui advertissoient le tyran leur maistre ; et ne tiray autre fruict de mon voyage que la prise de l’heritiere de Caumont[2] que je destinoy pour femme à mon fils. Mais le changement de mes affaires m’en faict à present disposer autrement[3].

Davantage vous n’ignorez pas que je ne voulus point engager mon armée à aucun grand exploict, ni siége difficile (en quoy toutesfois Castillon[4] me trompa, que je pensoy emporter en trois jours), afin de me reserver plus entier pour executer mes catholiques desseins. Quant à mon armée de Dauphiné, je luy feis tousjours faire halte, et me tins aux escoutes pour attendre si, aux Estats de Blois, vous auriez affaire de moy. Mais les choses ayant pris le contrepied de nos souhaits et attentes, vous veistes en quelle diligence je vous vins trouver en ceste ville, et avec quelle dexterité mon cousin le Connestable d’Au -

  1. Bravade, rodomontade à la manière des capitans espagnols.
  2. Le duc de Mayenne fit enlever la fille de Geoffroy de Caumont, seigneur huguenot, dans l’intention de la donner pour femme à son fils aîné.
  3. Il fut contraint de la laisser épouser par le comte de Saint-Paul.
  4. Castillon-sur-Dordogne. Quelques éditions portent Chastillon.