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la Lieutenance de l’Estat et Couronne de France, mettez-vous tout le fin premier, pour ce coup, sans prejudice de vos droicts à venir. — Monsieur le Reverendissime Cardinal de Pelevé, Pair ad tempus[1] de la Lieutenance, mettez-vous vis-à-vis, et n’oubliez vostre calepin[2]. — Madame la douairiere de Montpensier, comme Princesse de vostre chef, mettez-vous soubs vostre nepveu[3]. — Madame la Lieutenande, la Lieutenande de l’Estat, sans prejudice de vos pretentions, mettez-vous contre elle. — Monsieur d’Aumale, Connestable et Pair de la Lieutenance, à cause de vostre comté de Boulongne erigée en pairrie, mettez-vous coste-à-coste du Reverendissime, et gardez de deschirer sa chape avec vos grands esperons[4]. — Haut et puissant Principion, comte de Chaligny, qui avez cet honneur d’avoir monsieur le Lieutenant pour

  1. Il était archevêque de Reims nommé par le Pape Clément VIII, mais non reconnu et confirmé par le roi. A cette dignité était attachée celle de Pair de France, mais dont il ne pouvait jouir qu’après que sa nomination aurait été confirmée par le roi.
  2. Il passait pour ignorant et pour un homme de peu de jugement.
  3. Elle avait une extrême tendresse pour le jeune duc de Guise, son neveu, et ses ennemis répandaient le bruit que cette tendresse était l’indice d’une passion criminelle.
  4. Ces grands éperons de M. d’Aumale sont ici par allusion à diverses occasions dans lesquelles il prit la fuite en si grande hâte qu’il crevait plusieurs chevaux.