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puissance qui, entre les mains d’un chef habile, pouvait devenir un jour rivale de la sienne. Il redoutait les Guise, dont il soupçonnait vaguement les ambitieux desseins, les Guise, créateurs de cette force nouvelle, et naturellement désignés pour la diriger. D’ailleurs, en son âme, il haïssait les huguenots, censeurs rigides de ses mœurs, contempteurs de sa cour, et ennemis des favoris dont il s’entourait. A tous ces points de vue il crut habile de se mettre à la tête de la Ligue, et il s’en déclara solennellement le chef pendant la réunion des États de Blois en 1577. En effet, la Ligue parut d’abord frappée d’impuissance, demeurant à l’état de force latente. Mais le roi, pour éviter la guerre civile, ayant l’année suivante signé l’Ordonnance de Poitiers qui confirmait les privilèges accordés aux huguenots par les précédents Édits de Pacification, le feu des passions religieuses se ralluma soudain, et les ligueurs s’écartèrent de lui.

Ici nous sortons des généralités pour aborder le sujet même de la Satyre Ménippée. Cependant il est nécessaire, pour en bien faire saisir les allusions, d’exposer brièvement les principaux faits qui signalèrent l’organisation définitive de la Ligue jusqu’à l’ouverture des États Généraux de Paris.

Ce fut le rapprochement de Henri III et du roi de Navarre qui donna une impulsion nouvelle à la Ligue. Suivant les meneurs, il s’agissait d’une véritable alliance entre le roi et les protestants : les huguenots allaient triompher, et la religion catholique était menacée. Le peuple de Paris, habilement travaillé, se donna une sorte de gouvernement factieux, le Conseil des Quarante, dont