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qu’ils feissent miracles[1] : mais le vent emportoit et souffloit tout[2].

Les bordures de ladite piece estoient de processions blanches, et de sermons et Te Deum renforcez, où se voyoient en petit volume les faces de Boucher, Lincestre, et le Petit Feuillant[3] exhortant le peuple à la paix, par une figure nommée antiphrase[4].

La neufiesme faisoit veoir au naturel une grande Geante, gisante contre terre, qui avortoit d’une infinité de viperes et monstres divers, les uns intitulez Gaultiers, les autres Catillonnois, Lipans, Ligueurs, Catholiques, Zelez et Chasteauverds[5]. Et sur le front de ladite Geante estoit escrit :


C'EST LA BELLE LUTECE

QUI, POUR PAILLARDER AVEC SES MIGNONS,

A FAIT TUER SON PERE ET SON EPOUX.

  1. Le clergé ligueur faisait passer les deux Guise pour deux martyrs.
  2. Les corps du cardinal et du duc de Guise, furent brûlés secrètement dans une salle basse du château de Blois, et leurs cendres jetées au vent.
  3. Boucher, curé de Saint-Benoît, membre du Conseil des Quarante ; Lincestre, curé de Saint-Gervais ; le petit Feuillant, surnom de Bernard de Montgaillard, moine ligueur.
  4. Addit. de l’édit. de 1649. « Et formant tous ses syllogismes en ferio. »
  5. Énumération d’aventuriers, de pillards ou de révoltés, tous assimilés aux ligueurs.