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vint en autre habit, par les faux-bourgs Sainct-Jacques et Sainct-Germain[1].

La septiesme contenoit la bataille d’Ivry la Chaussée[2] où se voyoient les Espagnols, Lorrains, et autres catholiques zelez, par moquerie ou autrement monstrer leur cul aux maheustres[3], et le Biarnois tout eschaufé, qui, à bride abatue, chevauchoit l’Union par derriere. Il y faisoit beau veoir Monsieur le lieutenant, maudissant le dernier[4] et laissant le comte d’Egmont pour les gaiges, trompé d’outre moictié de juste prix, s’encourir sur un cheval turcq pour prendre Mantes par le guichet[5], et dire au habitants en note basse et courte haleine : Mes amis, sauvez moi et mes gens ! Tout est perdu, mais le Biarnois est mort ! Surtout y avoit un merveilleux plaisir d’y veoir sagement inventorier ses coffres et bahuts, et d’en veoir religieusement aveindre l’estendart de la Foy, où estoit peinct un crucifix sur taffetas noir, avec

  1. Au lieu d’entrer prisonnier à Paris, comme le peuple y comptait, le roi de Navarre y vint avec ses troupes après la victoire d’Arques, et s’empara des faubourgs le 1er novembre 1589.
  2. Bataille d’Ivry remportée sur la Ligue par le roi de Navarre le 14 mars 1590.
  3. Ce mot désigne les huguenots.
  4. Expression du temps qui signifie fuir au plus vite.
  5. Après la perte de la bataille d’Ivry, le duc de Mayenne fuyant arriva à Mantes, dont les portes étaient fermées, et où il entra par un guichet.