La marche des événements accéléra la formation de la Ligue. Le duc d’Alençon s’était joint aux huguenots ; le roi de Navarre, s’échappant de la cour où il se regardait comme prisonnier, était retourné à la religion protestante ; Henri III, croyant mettre fin aux dissensions civiles, signait, en 1576, le cinquième Édit de pacification, accordant l’exercice public de la religion prétendue réformée. Mais cet édit ne pacifia rien : il exaspéra les catholiques, c’est-à-dire la majeure partie de la nation, et aussitôt les ligues défensives changèrent d’objet et devinrent des associations dirigées contre l’envahissement du protestantisme dont le peuple ne voulait pas permettre la reconnaissance officielle comme religion autorisée. Il faut remarquer, en effet, que le protestantisme, à ses débuts en France, se recruta presque exclusivement dans les hautes classes et parmi les savants et les lettrés, mais qu’il compta très peu d’adhérents parmi le peuple. Les ligues parurent donc le remède à opposer à l’extension de la religion nouvelle, et un appui pour le catholicisme, la religion nationale. Aux anciennes ligues, qui se fortifièrent, s’en joignirent de nouvelles. Ce fut la Picardie qui se déclara la première, à l’instigation de son gouverneur, Jacques d’Humières ; et l’acte d’association proclamé à Péronne en février 1577, reçut les signatures de plus de deux cents gentilshommes, et de tous les officiers de la province. Le duc de Guise en Champagne, et le duc de Mayenne en Bourgogne, faisaient, presque en même temps, entrer le peuple dans la sainte association, tandis que Louis de la Trémoille y engageait le Poitou.
Henri III fut frappé de voir s’élever subitement cette