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vince, la guerre se rallumait dans une autre : l’antagonisme existait partout en France entre catholiques et huguenots ; et ces derniers, pour égaliser les forces, n’avaient pas reculé devant l’appel à l’étranger. Leurs coreligionnaires d’Allemagne leur fournissaient des troupes ; ils enrôlaient des mercenaires dans les cantons suisses ; et ces bandes étrangères, sillonnant la France, dévastaient le plat pays, foulaient le paysan, et inquiétaient les bonnes villes. Toutes étaient armées et sur le pied de guerre, les bourgeois faisant garde de jour et de nuit aux portes et sur les remparts, s’isolant dans une défense égoïste et individuelle. Dès le règne de Charles IX la résistance s’était organisée d’une manière plus large dans quelques provinces. On se groupait pour se protéger mutuellement de village à village, de bourgade à bourgade. Les populations du Limousin et du Vivarais s’étaient armées pour se protéger contre les gens de guerre des deux partis ; la Bourgogne avait organisé des confréries défensives, sortes de petites ligues ou d’associations militaires. Dans le Bordelais, le marquis de Trans s’était fait chef d’une ligue ; les maréchaux Strossi et d’Armagnac en avaient fait une en Languedoc avec les seigneurs du pays.

Dès lors la Ligue existait en principe. Il suffisait qu’un chef intelligent et populaire réunit en une seule ces associations provinciales, leur donnât une impulsion, et en face de l’association protestante se dressait une puissance redoutable, pouvant mettre fin aux troubles si elle donnait au roi son appui, mais aussi capable de renverser la royauté si le chef de la Ligue avait des vues d’intérêt personnel.