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tous d’une parure : sçavoir est, ayants sur leurs habits chacun un plastron à corroyes, et le derriere descouvert, la salade[1] en teste, l’espée et pistolet à la ceinture, et chacun une harquebuse à crocq sans fourchette[2].

Derriere estoit le Prieur des Jacobins en fort bon poinct, trainant une halebarde gauchere, et armé à la legere en morte-paye[3].

Je n’y vey ni Chartreux, ni Celestins, qui s’estoyent excusez sur le commerce[4]. Mais tout cela marchoit en moult belle ordonnance Catholigue, Apostoligue et Romaine : et sembloyent les anciens cranequiniers[5] de France. Ils voulurent en passant faire une salve ou escoupeterie : mais le Legat leur deffendit, de peur qu’il ne luy mesadvint, ou à quelqu’un des siens, comme au cardinal Cayetan[6].

en queue de la colonne, faisant tournoyer des deux mains une large épée, et rachetant le vice de sa conformation par une activité toute militaire. »
  1. Casque léger, composé d’une simple coiffe de fer. On l’a aussi nommé bourguignole.
  2. Bâton que l’on fichait en terre, et sur lequel on appuyait le canon de l’arquebuse pour tirer.
  3. Plaisanterie sur le sort de ce prieur qui était déjà mort à cette époque.
  4. Ces moines, fort riches, possédaient des biens dans les provinces royalistes.
  5. Arbalétriers. Leurs arbalètes s’appelaient cranequins.
  6. Un moine maladroit avait tué un homme de sa suite à la portière de son carrosse, dans une cérémonie semblable.