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noit la pancarte du Charlatan Espagnol ; le temps vous fera veoir les autres.

Quant au Charlatan Lorrain, il n’avoit qu’un petit escabeau devant luy, couvert d’une vieille serviette, et dessus une tirelire d’un costé et une bouëte de l’autre, pleine aussi de Catholicon, dont toutesfois il debitoit fort peu parce qu’il commençoit à s’esventer, manquant de l’ingredient plus necessaire qui est l’or. Et sur la bouëte estoit escrit :


FIN GALIMATHIAS ALIAS CATHOLICON COMPOSE

POUR GUARIR DES ESCROUELLES.


Ce pauvre Charlatan ne vivoit que de ce mestier, et se morfondoit fort, combien qu’il fust affublé d’un caban fourré tout pelé, à cause dequoy les pages l’appeloient Monsieur de Pellevé. Et, pour autant que le Charlatan Espagnol estoit fort bouffon et plaisant, ils l’appeloient Monsieur de Plaisance. A la vérité, la drogue de cestuy-ci estoit souveraine. J’ai veu monsieur d’Aumale, comte de Boulongne, qu’elle a guary de la jaunisse saffrannée, dont il languissoit[1] ; le Poëte de l’Admiraulté en a esté guary de la gratelle, dont il estoit rongé jusques

  1. Allusion au grand nombre de dettes dont était couvert M. d’Aumale lorsqu’il embrassa le parti de la Ligue. Il était alors presque insolvable, et le jaune était la couleur des débi-