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d’or, de plomb, et de cire, avec des tiltres en lettres d’or, portant ces mots :


LETTRES DU POUVOIR D’UN ESPAGNOL, ET DES EFFECTS MIRACULEUX DE SA DROGUE APPELÉE HIGUIERO D’INFIERNO OU CATHOLICON COMPOSÉ[1].

Le sommaire de toute ceste pancharte estoit que ce triacleur[2] petit-fils d’un Espagnol de Grenade, relegué en Afrique pour le Mahumetisme, medecin du Cerif, qui[3] se feit roy de Marroque par une espece de Higuiero[4] ; son pere estant mort, vint en Espagne, se fit baptiser et se mit à servir à Tollede, au College des Jesuistes. Où ayant apris que le Catholicon simple de Rome n’avoit d’autres effects que d’edifier les ames et causer salut et beatitude en l’autre monde seulement, se faschant d’un si long terme, s’estoit advisé, par le conseil testamentaire de son pere, de sophistiquer ce Catholicon ; si bien qu’à force de le manier, remuer, alambi -

  1. Catholicon. Le prétexte religieux sous lequel s’abritait la Ligue. Les auteurs de la Satyre en font une drogue que vendait le charlatan espagnol.
  2. Triacleur, marchand de thériaque, empirique.
  3. Var. des édit. post. « de maistre d’eschole et prescheur. »
  4. Var. « En dépossédant son maître peu à peu, et enfin le tuant, et se mettant en sa place. »