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SATYRE MÉNIPPÉE.

trées, à cause des escharpes blanches[1] qui traversoient les chemins des deputez, ne se peurent assembler à jour nommé, veritablement l’Assemblée ne fut pas si grande qu’on avoit esperé et desiré. Toutesfois il s’y trouva de notables et signalez officiers, qui ne cedoient rien, en grandeur de barbe et de corsage, aux anciens Pairs de France. Il y en avoit trois, pour le moins, de bonne connoissance, qui portoient calottes à la catholique, et un qui portoit grand chapeau[2], et rarement se defubloit : ce que les Politiques, qui sont encore plus de seize dans Paris, detorquoient en mauvais sens, et disoient que les trois calottiers estoient tigneux, et que le grand chapeau avoit la teste comme le poëte Æschylus : tellement que leur commun dire estoit qu’auxdits Estatz n’y avoit que trois tigneux et un pelé[3]. Et si l’Inquisition d’Espagne eust esté de bonne heure introduite, j’en vey plus de cinq cents, que dis-je cinq cents ? mais cinq mille, qui ne meritoient par leurs blasphemes rien moins que l’acollade du president Brisson[4].

  1. Les troupes levées pour le roi de Navarre portaient l’écharpe blanche comme marque distinctive, tandis que les ligueurs se reconnaissaient à la croix de Lorraine.
  2. Le cardinal de Pelvé.
  3. Pelé, jeu de mot par à peu près sur le nom du cardinal de Pelvé.
  4. La Satyre Ménippée fait souvent allusion au sort de Brisson,