Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme partisans des idées religieuses nouvelles, soit comme des indifférents ou des incrédules. Si l’on rencontre dans leur œuvre des attaques dirigées contre certains membres indignes du clergé, ces attaques s’arrêtent à l’homme, et, par-dessus sa tête, ne vont pas frapper toute une institution. L’ancienne France catholique établissait une distinction rationnelle entre les personnes et les principes, entre les hommes et les croyances. L’indignité d’un membre de l’Église ne pouvait, pour les croyants du moyen âge, rejaillir sur l’Église elle-même. Sentiment plein de justice et d’équité qui explique pourquoi, même dans les siècles où la religion se montrait le moins tolérante, jamais les trouvères, si acharnés, dans leurs récits, contre les ecclésiastiques indignes, ne furent inquiétés.

Du reste, ce que l’on connaît des sentiments religieux de la plupart des auteurs de la Ménippée, ne permet pas de les accuser d’impiété. Le Roy était un ecclésiastique consciencieux ; Pierre Pithou se fit catholique par conviction, sans que personne ait jamais suspecté la sincérité de sa conversion ; et un abbé a dit de Passerat : « Quant à sa religion, il est sûr qu’il a toujours été sincèrement ennemi des nouvelles opinions, et très attaché à la foi de l’Église catholique. Il aimoit son Roi et sa Patrie ; il étoit bon François, et il s’est toujours déclaré contre la Ligue et ses partisans[1]. »

La Satyre Ménippée ne renferme pas, comme la plu -

  1. Mémoires sur le Collège royal de France, par l’abbé Goujet, seconde partie, p. 130.