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auparavant qu’on s’y doive fier ny qu’on les efface du livre. Toutesfois, ce n’est ni à vous, ni à moy, d’en juger ; le meilleur sera d’oster tous les noms propres, et n’offenser personne de ceux qui peuvent nuire et qui sont parmy nous : c’est ce que je vouloy vous dire pour le dernier, et me lairrez, s’il vous plaist, en repos, car il est heure de souper. Alors je connus bien qu’il me vouloit donner congé de me retirer, et je luy dy qu’il me pardonnast si je l’avoy tant ennuyé, mais que j’avoy pris un si grand plaisir à l’ouyr, que le temps ne m’avoit point duré ; toutesfois qu’auparavant que partir je le vouloy encore advertir que beaucoup de gens disoient que la harangue du sieur d’Aubray estoit trop longue et trop serieuse, au prix des precedentes, qui sont toutes courtes et burlesques, et que je ne sçavoy que leur respondre, ny quelle en estoit la raison de l’autheur. — Je n’en sçay, dit-il, non plus que vous, sinon que j’estime que mon cousin a voulu imiter le naturel dudict sieur d’Aubray, qui est aussy abondant et copieux en raisons, et qui ne trouve jamais fin de son sçavoir ny de ses discours, et mesmement en un tel acte, auquel il a deu representer tout ce qu’il sçavoit avec affection de persuader. Mais en ce qu’on l’a faict parler serieusement, c’est pour lui rendre plus de dignité qu’aux autres precedents, qui sont tous chelmes1, auxquels il n’eust pas esté seant de faire dire rien de bon ; et ne s’est trouvé que luy en la bouche duquel il fust propre de dire verité, et de mettre avant chose qui servist à l’in-